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L'impulsivité chez l'enfant : Comprendre et intervenir

Un survol sur l'impulsivité des enfants. Qu'est-ce que c'est, pourquoi est-ce que ça arrive et comment peut-on agir comme parent lorsque nous composons avec un enfant impulsif.

ENFANCE ET FAMILLESANTÉ MENTALE

Daphnée Roger-Ostine, Travailleuse sociale

9/22/20245 min read

Unique, coloré et authentique, l'enfant impulsif vient aussi avec son lot de défis. Pour comprendre l'impulsivité chez les enfants, il faut d'abord clarifier ce que c'est. L'impulsivité, c'est le fait de ne pas arriver à contrôler les impulsions qui montent rapidement en soi à partir des émotions, qui se traduit par l'incapacité de réfléchir avant aux conséquences de ses comportements, ces derniers étant parfois difficiles ou socialement moins acceptés.

On peut l'expliquer par des facteurs biologiques, émotionnels ou environnementaux

1. Sur le plan biologique : Le développement typique du cerveau des enfants, notamment dans les zones responsables du contrôle des impulsions, est encore en cours. La zone où se situe les fonctions exécutives (cortex préfontal) qui se chargent de la régulations des émotions et des impulsions, entre autres, est encore immature, et donc, celles-ci ne jouent pas encore efficacement leur rôle, par exemple pour ralentir la prise de décision et réfléchir avant d'agir. Le cerveau connait une grande maturation vers 7 ans et atteint le stade adulte seulement après l'âge de 20 ans. C'est donc de penser à revoir nos attentes!

De plus, lorsque le développement neurologique est atypique, par exemple dans le cas de trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), Trouble du spectre de l'autisme (TSA), Syndrome Gilles de la Tourette (SGT), les fonctions exécutives dont aussi impactées et on peut observer un déficit du contrôle des impulsions chez les personnes vivant avec ce trouble au delà de ce qui pourrait être attendu par rapport à des pairs de leur âge, et ce, même à l'âge adulte. À noter qu'avec le TDAH, on parle d'un développement neurologique decalé d'environ 3 ans quant à la maturité typique du cerveau.

2. La régulation des émotions : Étroitement en lien avec le développement neurologique, la gestion des émotions des enfants peut représenter un grand défi, ce qui les pousse à agir sans réfléchir. Ils sont encore en apprentissage de ce que sont leurs émotions et de comment les exprimer adéquatement. Aussi, plus l'enfant est jeune et moins il a été accompagné en ce sens, plus l'émotion est vécue comme un énorme stress sur le corps, et donc, l'enfant peut se désorganiser devant l'intensité de l'émotion vécue, alors que vue de l'extérieur comme adulte, la situation peut sembler plus ou moins banale. Ainsi, l'enfant est en apprentissage et la régulation des émotions nécessite une structure cérébrale mature, mais aussi le soutien adéquat des donneurs de soins lors du développement. Ainsi, un adulte peut avoir évolué sans faire les apprentissages requis pour arriver à s'autoreguler adéquatement pendant son enfance et encore éprouver des problèmes avec son impulsivité.

3. La question environnementale : Un milieu de vie stressant et l'influence des modèles parentaux peuvent contribuer à l'impulsivité. Le premier, car le stress vécu entrave le développement normal de l'enfant, l'empêchant se faire les apprentissages requis car la survie prend toute son énergie, et ce autant par rapport à des événements de vie difficiles isolés, des mauvais traitements ou de la négligence répétée de l'enfant. À noter qu'un adulte vivant de façon répétée des stress importants, comme des conditions de vie difficiles ou des abus pourrait aussi avoir des atteintes et voir un impact sur son contrôle des impulsions.

Dans un deuxième temps, l'enfant apprend en grande partie par l'observation de modèles et l'enfant aura tendance à reproduire ce modèle si les parents ou donneurs de soins ont des défis de régulation de leurs propres émotions et deviendra potentiellement un adulte avec des défis d'impulsivité si ce n'est travaillé pendant son développement éventuellement. Finalement, si les donneurs de soin sont insécurisants de par leur manque de cohérence, cela fait également vivre du stress à l'enfant qui dépend d'eux et le même processus évoqué ci-haut affecte le développement. La qualité de l'environnement est donc un facteur de poids à considérer et un levier important à considérer dans l'intervention.

Pistes d'interventions pour les parents

1. Établir des routines: Des horaires clairs et prévisibles aident les enfants à se sentir en sécurité et à mieux gérer leurs émotions. Cela ne veut pas dire que la routine doit paralyser la famille, mais plutôt être assez présente pour offrir une stabilité et des points de repères.

2. Renforcement positif : Récompensez les comportements appropriés pour encourager l'autorégulation. Les meilleures récompenses selon moi, sont les privilèges et les moments relationnels avec l'adulte.

3. Techniques de gestion des émotions : Enseignez des stratégies d'urgence comme la respiration profonde, le recours à des objets apaisants, le retrait dans un lieu calme, la visualisation ou le comptage pour aider l’enfant à prendre du recul avant d'agir et surtout aidez votre enfant activement en situation à les appliquer par le biais de rappels ou de corrégulation.

L'apprentissage de moyens d'expression de soi comme écrire et dessiner, identifier une personne de confiance ou des ressources vers qui aller et le soutien à identifier ses émotions et communiquer ses besoins sont des pistes gagnantes à mettre considérer.

4. Jeux de situations : Utilisez des jeux de rôle pour montrer comment réagir face à des situations qui déclenchent l'impulsivité. Un peu comme une pratique, cela aide l'enfant à trouver des repères et connaitre ses outils adéquats lorsqu'il vit une situation qui le déclenche.

5. Communication ouverte : Encourager l'enfant à exprimer ses sentiments et ses frustrations, laisser de l'espace à ce type de discussion aussi dans le quotidien. Il est important de l'accueillir sans jugement pour qu'il se sente compris même lorsqu'il vit des émotions plus difficiles. Attention à ne pas chercher rapidement des solutions ni faire des discours moralisateurs mais plutôt se montrer à l'écoute afin d'éviter que l'enfant ne se referme.

6. Limites claires : Établissez des règles précises et des conséquences logiques pour les comportements impulsifs afin que le jeune ne soit pas mis en échec et puisse en tirer des apprentissages. Il est important aussi de choisir ses batailles et cibler un ou deux comportements à la fois et avoir des attentes réalistes. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le concept de conséquences logiques, je vous invite à lire sur le sujet, ce sera d'ailleurs le propos d'un nouvel article ici bientôt!

7. Modélisation du comportement : Montrez vous-même des comportements réfléchis et autorégulés dans votre quotidien. Pas besoin d'être parfaits ici, simplement de faire consciemment de votre mieux (et d'aller chercher de l'aide pour vous au besoin), puis de rattraper le coup adéquatement avec notre enfant lorsqu'on échappe la situation, car oui, cela arrive à tous les parents.

L'impulsivité, c'est un gros défi tant dans la vie d'un enfant que des parents et la fratrie qui l'accompagne. Cela peut faire vivre beaucoup de souffrances et des conséquences sociales aux individus touchés et ce, même à l'âge adulte.

Si vous vous sentez dépassé comme parent d'enfant impulsif ou adulte impulsif, de l'aide existe aussi. Au CLSC ou ailleurs, la consultation psychosociale ou avec un.e professionnel.le adéquatement formé.e dans une domaine reconnu pourrait faire une énorme différence par un suivi personnalisé à vos besoins spécifiques, car chaque situation est unique.